Soupes 9 herbes orties

Quel est le rapport entre les orties et Jeudi-Saint?

Une tradition ancienne

Le « dies viridis » ou « jeudi vert », apparait dans la liturgie médiévale. Il aurait été institué en 682 par le pape Léon II en souvenir de la sainte Cène. Il serait une illustration de l’évangile de Luc 23,31 : « Car si on traite ainsi l’arbre vert, qu’arrivera-t-il au bois sec ? ». 

Cependant il est difficile de retrouver des traces écrites pour vérifier.

Il y aurait bien un Saint Léon, pape et docteur de l’Église, mais du Ve siècle! Il a développé une doctrine du jeûne dans ses œuvres pastorales, à l’occasion des grandes fêtes liturgiques, du carême et des jeûnes des quatre temps. Une tradition de jeûnes observés au début de chaque saison.

Il s’agit d’un plat constitué exclusivement d’herbes, qui était donc consommée pendant le repas du Jeudi-Saint, qui est le dernier jour du Carême avant Pâques.

On retrouve quelques traces d’une soupe aux herbes dans le livre « Les Bonnes Herbes du Moyen âge« , de Laetitia Cornu, 1999.

Tradition connue sous plusieurs noms

C’est une tradition culinaire connues dans plusieurs régions d’Europe, comme en Allemagne, en Suisse, Belgique et en Autriche. 

Elle est connue sous le nom de « Kräuter Suppe » en Allemagne et sous le nom de Griendonnerschdi (le Jeudi vert) en Alsace.

En effet, on mangeait le « Ninkrittermües » une potée à base de 9 plantes vertes ou le « Sewekrittermües » une soupe avec seulement 7, le jour du Jeudi-saint. 

Malheureusement cette tradition est tombée dans les oubliettes. Seules grandes-mères Alsaciennes perpétuent encore cette soupe !

La soupe du Jeudi vert à travers les siècles

Cette soupe du « Jeudi vert » persista au fil du temps. En Effet, cet unique repas vespéral est respecté jusqu’au VIIIᵉ siècle. À la fois par les moines et par les laïcs (quand ceux-ci jeûnent).

Par la suite, ce plat est intégré à la tradition populaire au cours du XIIe siècle. 

On retrouve même encore sa trace jusqu’au XVIIe siècle!

L’ortie ingrédient incontournable Jeudi vert

L’ortie était utilisée comme légume à des fins revitalisante en« cure de printemps », et conseillée par de nombreux auteurs.

Avec sa haute teneur en protéines, les feuilles d’orties, présentent une meilleure qualité protéique que tous les autres légumes verts!

L’utilisation de l’ortie dans ce potages était courante. Un auteur de l’époque suggérant de la cueillir « quand le soleil sera au signe du Bélier« . 

L’ortie, plante aux mille vertus, est toujours un ingrédient incontournable de la « soupe aux neuf herbes du Jeudi vert« , qui est toujours traditionnellement consommée le jeudi saint.

La soupe aux neuf herbes est préparée en utilisant une variété d’herbes fraîches, symbolisant souvent la purification et le renouveau à l’approche de Pâques.

Les neufs herbes

Les neuf herbes peuvent varier selon les régions, mais une combinaison courante comprend généralement des herbes de cette liste: 

La pimprenelle, la menthe, la livèche et l’achillée millefeuille, le chou, l’épinard, le persil, le poireau, le pissenlit, l’ail sauvage (Allium ursinum), la mâche, l’herbe aux goutteux (Aegopodium podagraria), le lierre terrestre, ainsi que l’oseille, le cresson, le groseillier à maquereaux et surtout les orties !

Bref, tout ce qui pouvait se manger à cette période de l’année!

Conclusion

Cette tradition est donc ancrée dans le contexte religieux du Jeudi Saint (qui précède le Vendredi-Saint), où la consommation de viande est évitée.

Les herbes fraîches sont alors utilisées pour symboliser la purification et la fraîcheur d’autant plus à la sortie de l’hiver. 

La soupe aux neuf herbes est un plat léger et végétarien, contenant de l’ortie. Il est consommé pendant cette période spécifique du calendrier liturgique sur plusieurs siècles. Cette tradition se perpétue encore de nos jours dans certains pays, notamment en Allemagne et parfois en France comme Alsace, grâce à d’irréductibles grandes-mères Alsaciennes. 🥰

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Soupes 9 herbes orties

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Bibliographie

Francine Draghi. L’ortie dioïque (Urtica dioica L.): étude bibliographique. Sciences pharmaceutiques. 2005. hal-01733415

Ait Haj Said, Amal & Otmani, Ibrahim & Derfoufi, Sanae & Benmoussa, Adnane. (2016). Mise en valeur du potentiel nutritionnel et thérapeutique de l’ortie dioïque (Urtica dioïca L.). HEGEL – HEpato-Gastro Entérologie Libérale. N° 3. 10.4267/2042/61406. 

« Les liturgies de la table : une histoire culturelle du manger et du boire« . Moulin, L. (1988); A. Michel. p. 291

Soupes Bluffantes ! Des Ardennes et d’ailleurs de l’ancienne tradition à nos jours. Lise Bésème-Pia. Editions Harlaut.

Recette : https://pointkt.org/recettes/celebration-de-jeudi-saint-avec-preparation-de-la-soupe-de-jeudi-saint/


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Commentaires

Une réponse à “Quel est le rapport entre les orties et Jeudi-Saint?”

  1. Avatar de Ghislaine
    Ghislaine

    Génial! merci

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