Parmi les premières plantes à fleurir au printemps, la ficaire (Ficaria verna, anciennement Ranunculus ficaria) illumine les sous-bois et les jardins de ses petites fleurs jaunes éclatantes.
La consommation de plantes sauvages comestibles comme moyen de mener une vie saine car elle possèdent généralement de bonnes qualités nutritionnelles.
Une question qu’on me pose souvent : « peut-on la manger sans risque ? »
Car si tu fais quelques recherches sur internet, sur les réseaux sociaux ou YouTube, tu trouveras beaucoup de personnes qui affirment qu’elle est comestible. Mais la réalité est un peu plus nuancée…
En effet la réponse est un peu plus complexe qu’un simple oui ou non !

Une plante aux propriétés multiples et ressources
La ficaire fait partie de la famille des renonculacées et elle est connue depuis longtemps pour ses usages en médecine traditionnelle, notamment pour soulager les hémorroïdes et elle servait également comme antiseptique et anti-inflammatoire 1. De plus, elle attire aussi les premiers pollinisateurs du printemps avec ses fleurs dorées.
On trouve dans certains ouvrages que ses très jeunes feuilles étaient consommées crues en salades: plus âgées, et avant la floraison, elle se mangent cuites à la façon des épinards. Les tubercules eux-mêmes, une fois cuits, ont également été consommés 2, 3.

Une substance toxique
Mais attention, elles contiennent de la protoanémonine qui est présente dans toutes les parties de la plante. La teneur la plus élevée a été trouvée dans les tiges et dans les fleurs 4. Et la sécurité de la consommation de plantes sauvages comestibles est discutée !

En effet, certaines plantes sauvages comestibles contiennent parfois des composés toxiques, il est donc logique de maintenir une prudence appropriée lors de la consommation, pour éviter une éventuelle intoxication 5 !
La protéoanémonine est présente chez toutes les espèces de Renonculacées (bouton d’or, aconit, hellébore, anémone, clématite,…). C’est une substance toxique, âcre et irritante qui est une cardiotoxine ( toxicité spécifique au muscle cardiaque) à l’état frais mais qui disparaît après séchage.
Gérard Ducerf décrit la ficaire dans son encyclopédie 6 comme étant très vénéneuse quand elle verdit et peut être comestible blanchie (à la façon des jardinier pour les endives), c’est à dire quand elle privée de lumière. Les tubercules, quand à eux, seraient comestibles.
Et si on regarde la liste des plantes de la pharmacopée française, elle apparait dans la liste A avec la mention que toutes les parties sont toxiques !
Alors que faire?
La ficaire est une plante fascinante qui annonce le printemps, mais sa consommation demande beaucoup de précautions. L’exploration des plantes sauvages est une aventure passionnante, mais toujours avec un brin de prudence !
Mon conseil ? Évalue toujours le bénéfice/risque avant de goûter une plante sauvage. Que t’apporte vraiment la ficaire sur le plan gustatif ? Avec son goût âcre, est-ce que ça vaut vraiment le coup de prendre un tel risque ?
D’autres alternatives sont bien meilleures. Comme je le dis dans mon autre article : restons dans le comestible et le gustatif !
C’est ce qui me passionne chez les plantes et j’aime te faire découvrir tous ces savoirs anciens dans mes formations avec accompagnement.
Et toi, as-tu déjà goûté la ficaire ou une autre plante sauvage ? Partage ton expérience en commentaire, ça m’intéresse !
Amandine

1 La ficaire, Gallica (bibliothèque numérique de la BnF)
2 Le règne végétal : divisé en traité de botanique générale, flore médicale et usuelle, horticulture botanique et pratique, plantes potagères, arbres fruitiers, végétaux d’ornement, plantes agricoles et forestières, histoire biographique et bibliographique de la botanique. Flore médicale, Tome 2 / par MM. A. Dupuis,… Fr. Gérard,… O. Réveil… [et al.] Barral, Jean-Augustin (1819-1884)
3 Flora Parisiensis ou Description et figures des plantes qui croissent aux environs de Paris. T. troisième, 1778 / , avec les différens noms, classes, ordres et genres qui leur conviennent rangés suivant la méthode sexuelle de M. Linné, leurs parties caractèéristiques… suivant les démonstrations de botanique qui se font au Jardin du Roy. Par M. Bulliard. Ouvrage orné de plus de 600. figures coloriées d’après nature. Tome premier. Bulliard, Pierre (1742-1793).
4 A. Bonora, B. Botta, E. Menziani-Andreoli, A. Bruni, Organ-specific Distribution and Accumulation of Protoanemonin in Ranunculus ficaria L., Biochemie und Physiologie der Pflanzen, Volume 183, Issue 5, 1988, Pages 443-447,
5 José Luis Guil-Guerrero, The safety of edible wild plants: Fuller discussion may be needed, Journal of Food Composition and Analysis, Volume 35, Issue 1, 2014, Pages 18-20.
6 Gérard Ducerf, L’encyclopédie des Plantes bio-indicatrices, Promonature, Volume 1, 8 ème édition, 2005, page 267.
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