En feuilletant un ancien texte sur les remèdes traditionnels, je suis tombée sur une phrase qui m’a littéralement laissé perplexe :
❝Huile de lombrics. Dans quelques parties du Piémont, on emploie encore, contre les rhumatismes et la sciatique, de l’huile qui a servi à faire frire des vers de terre.❞
Un fragment de recettes médicales en langue d’oc datant de 1883, que je ne m’attendais absolument pas à lire !
À ce moment-là, un mélange de dégoût et de curiosité m’a envahie. Je n’arrivais pas à croire que des gens utilisaient réellement de l’huile provenant de vers de terre, et encore moins pour des raisons médicales.
L’idée que ces petites créatures puisse être plongées dans une friteuse et puissent être transformées en remède m’a déconcertée. Mais après tout on utilisait bien la graisse de baleine pour les rouges à lèvres et la graisse de marmotte pour soulager les courbatures, les tensions musculaires et les douleurs articulaires.
J’ai commencé à imaginer la scène : quelqu’un dans le Piémont, concoctant cette huile tout en discutant des bienfaits des lombrics pour les douleurs. C’était à la fois fascinant et légèrement… inattendu, non ?
Tout cela m’a fait réfléchir à la façon dont les perceptions de la médecine et de la cuisine ont évolué au fil du temps.
Alors que je repensais à ce texte, je me suis demandée si, peut-être, un jour, les générations futures regarderaient avec le même dédain les remèdes d’aujourd’hui. Peut-être que la gastronomie d’une époque est parfois étroitement liée à la médecine de son temps.
Mais pour l’instant, je crois que je vais garder mes vers de terre bien à l’abri dans le jardin et me contenter des huiles plus… conventionnelles !
Vous aussi vous ne le regarderez plus de la même manière ?
Amandine
Bondurand Ed. II. Fragment de recettes médicales en langue d’oc.. In: Romania, tome 12 n°45, 1883. pp. 100-104.