Cuisine et Médecine au Moyen Âge

Cuisine et médecine au Moyen âge : les plantes dans l’assiette

La cuisine et la médecine au Moyen Âge étaient étroitement liées. 

La cuisine était un ensemble de techniques visant à rendre les aliments consommables et agréables au goût. Cependant, les premiers livres de cuisine documentés datent seulement du XIIIe siècle. Ils étaient rares et destinés principalement à l’élite. Ces ouvrages offraient des aperçus limités de la cuisine médiévale.

La médecine

La médecine médiévale reconnaissait l’importance de la diététique pour la santé. On considérait le corps humain comme résultant de mélanges d’éléments et d’humeurs, où la nourriture jouait un rôle essentiel dans la régulation de cet équilibre.

De plus, les médecins s’intéressaient également au plaisir gustatif, reconnaissant que la nourriture pouvait avoir un impact sur les émotions et le bien-être général.

La cuisine

La médecine reconnaissait l’importance de la nourriture pour la santé, tandis que la cuisine était l’art de préparer les aliments de manière à les rendre délicieux et digestes.

En raison de leurs propriétés antimicrobiennes, les épices servaient à préserver les aliments à une époque où les réfrigérateurs n’existaient pas. Elles servaient à éviter la détérioration des denrées alimentaires.

D’autre part, en plus de leur rôle conservateur, on utilisait les épices pour aromatiser les mets en masquant les saveurs désagréables des produits avariés ou mal conservés.

En outre, les épices étaient un indicateur de richesse et de position sociale. Les individus fortunés utilisaient des épices précieuses telles que le poivre, la cannelle, la cardamome et le safran pour rehausser la saveur de leurs plats, renforçant ainsi leur statut social.

La collaboration de la cuisine et médecine au Moyen âge

La médecine et la cuisine étaient étroitement liées à l’époque, en particulier dans les grandes cours. Les médecins de cour collaboraient avec les cuisiniers pour créer des repas qui prenaient en compte la santé individuelle tout en répondant aux préférences gustatives. Cette collaboration visait à harmoniser la santé et le plaisir de la table.

À cette époque, l’équilibre entre bien-être et saveurs était une valeur largement partagée, un idéal qui trouve encore sa place dans la société contemporaine.

Équilibre des quatre Humeurs

Les enseignements d’Hippocrate (460-377 avant J.-C.) et de Galien (131-201) ont influencé fortement la médecine médiévale. Deux figures majeures de l’histoire de la médecine ! En effet, pour maintenir la santé, ils mettaient l’accent sur l’équilibre des quatre humeurs : sang, phlegme, bile jaune, bile noire. Cette influence a perduré pendant une grande partie de l’histoire médiévale, guidant la pensée médicale de l’époque.

On considérait tout déséquilibre des humeurs comme la cause des maladies.

D’autre part, les médecins privilégiaient l’utilisation de « simples« . Ce sont des remèdes issus de plantes, d’animaux ou de minéraux, pour restaurer cet équilibre. Ces simples étaient des éléments essentiels de la médecine médiévale, contribuant à la recherche de l’harmonie corporelle.

Exemple: L’achillée millefeuille , la sauge, la rue, le thym, le romarin, La guimauve officinale, l’angélique, la tanaisie,….

Les médecins recommandaient déjà à l’époque une alimentation équilibrée pour maintenir la santé.

Les médecins médiévaux se basaient sur des herbiers et des antidotaires pour connaître les propriétés des plantes médicinales. Des ouvrages comme celui de Dioscoride étaient des références importantes.

Au fil du temps, l’approche des médecins a évolué, notamment au XIIe siècle, sous l’influence de l’École de Salerne en Italie. Les médecins ont cherché à classer les « simples » en fonction de leurs vertus curatives et ont développé une compréhension plus théorique de l’action des plantes, en s’inspirant de la doctrine des quatre degrés galéniques.

Cette doctrine classifiait les qualités des simples en fonction de quatre degrés fondamentaux : chaud, froid, sec et humide. On attribuait à chaque simple l’un de ces degrés dans chacune de ces qualités.

La classification des simples

Voici comment cela fonctionnait :

  • Chaud * : Cette qualité était associée à la chaleur et à l’élément feu. Les simples « classés comme chauds », étaient prescrits pour des affections liées à un excès de froid dans le corps. Comme les rhumes ou les maux de gorge.
  • Froid* : La qualité froide était liée à la fraîcheur et à l’élément eau. Les médecins utilisaient les simples classés comme ‘froids’ pour traiter des affections liées à un excès de chaleur corporelle. Telles que les fièvres.
  • Sec * : La qualité sèche était associée à la sécheresse et à l’élément air. Les simples « classés comme secs », étaient généralement recommandés pour des conditions caractérisées par une humidité excessive. Comme la diarrhée.
  • Humide * : La qualité humide était liée à l’humidité et à l’élément terre. Les médecins utilisaient les simples classés comme ‘humides’ pour traiter des affections caractérisées par une sécheresse excessive. Comme la constipation.

* au premier, deuxième, troisième ou quatrième degré.

D’après cette doctrine, les médecins médiévaux considéraient que l’utilisation des simples correspondait aux qualités opposées. Ils visaient ainsi à rétablir l’équilibre des humeurs dans le corps, une composante essentielle pour maintenir la santé. Par exemple, lorsque les patients souffraient de fièvre, ils se voyaient prescrire des simples classés comme étant froids afin de réduire la chaleur et restaurer l’équilibre. Cette pratique médicale visait à harmoniser les qualités des remèdes avec les déséquilibres observés chez les patients.

Il est important de noter que cette classification était basée sur une compréhension limitée de la physiologie humaine. À l’époque, la médecine médiévale avait des fondements théoriques différents de ceux de la médecine moderne. Cependant, cette doctrine des quatre degrés galéniques a joué un rôle crucial dans la pharmacopée médiévale et a influencé la façon dont les médecins utilisaient les plantes pour traiter diverses affections.

Cuisine et Médecine au Moyen Âge

Références:

Bruno Laurioux, « Cuisine et médecine au Moyen Âge », Cahiers de recherches médiévales, 13 spécial | 30 mars 2006,223-238

Mireille Ausécache, « Des aliments et des médicaments », Cahiers de recherches médiévales, 13 spécial | 30 mars 2006, 249-258.

Danielle Jacquart, « La nourriture et le corps au Moyen Âge », Cahiers de recherches médiévales, 13 spécial | 30 mars 2006,259-266.


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